« Anne-Soizic m’a sauvé la vie ! Je suis presque content d’avoir eu un cancer pour rencontrer ces gens-là ! ». Jacques Danet, Brestois de 69 ans, un des rares hommes parmi les participants, sourit de sa propre audace. Il n’est pas mou du genou pour complimenter l’éducatrice sportive de l’association Brest Sport Santé et les autres personnes qu’il y rencontre. « J’ai un cancer de la prostate métastasé depuis 2018, un traitement assez lourd », confie-t-il. « J’ai pris 20 kg. J’étais presque invalide : me lever du canapé, monter ou descendre de voiture ou l’escalier devenait très dur. J’étais désocialisé. Je suis allé en réhabilitation chez Ty Yann (le site brestois de la fondation Ildys). C’est là que j’ai entendu parler de cette association. En venant, au début, j’avais presque honte. C’est ridicule ! Tout le monde ici est malade… J’ai vite repris des forces. Mes filles, qui n’en pouvaient plus de voir mon état, sont ravies ».
Pas de potion magique ni de miracle. Juste une activité physique régulière et adaptée aux besoins du quotidien. « Ce sont des séances d’une heure, un ancrage thérapeutique par le mouvement, une méthode que j’ai développée et que j’aimerais faire valider scientifiquement », explique Anne-Soizic Guion, titulaire de diplômes universitaires en sport en cancer, en santé intégrative, complétés par une formation en éducation thérapeutique du patient.
« En venant, au début, j’avais presque honte. C’est ridicule ! Tout le monde ici est malade… »
« Je les fais monter sur des boîtes, on utilise le matériel de la salle. Les mouvements sont faciles à répéter chez soi. Un peu de relaxation, de respiration, de yoga… », ajoute la jeune femme. « Et puis cela leur donne envie de ressortir, de ne pas rester chez soi. Il y a un lien social ici, y compris avec des personnes qui viennent à la salle et qui ne sont pas malades ». Car cela se passe chez Crossfit Brest, à Kergaradec, pas dans un lieu spécialisé.
Martine Bernigaud, jeune septuagénaire, a justement connu l’existence de Brest Sport Santé par ses enfants qui venaient au Crossfit. « Il y a dix ans, j’ai eu un cancer colorectal. C’est une affaire classée ! Mais j’ai eu une ostéoporose costaude, des fractures. Mon médecin m’a dit que mon ordonnance, c’est le sport ! Je ne casse plus. Mon traitement est beaucoup plus léger et mes analyses sont meilleures ! Il y a des choses que j’appréhendais de faire, ce n’est plus le cas. Sur le mental, c’est extra ! ».
Martine Lorou, Guipavasienne de 68 ans, a cumulé les deuils. « Je m’enfonçais. Je ne voulais plus voir grand monde. Je viens trois fois par semaine. J’ai perdu 16 kg. Je vais mieux. Je ne fais plus d’hypertension (je prends aussi un médicament pour cela). J’ai repris goût à la vie et mes enfants ne me reconnaissent plus ! Et puis avec les autres, nous nous voyons parfois dehors, on a un groupe WhatsApp… ».
Sabrina Bourdet a 38 ans. Cette Brestoise parle de sa leucémie, de greffes de moelle, de récidives, de longues hospitalisations, d’importante perte de masse musculaire. « Je me suis redécouverte depuis que je viens. J’ai repris de la confiance, de la force, j’ai rencontré des gens extraordinaires. Je ne pourrais plus m’en passer ! ». Et Nathalie Leroy, Brestoise, ancienne infirmière de 69 ans ? « Moi, j’aurais du mal ! J’avais le dos en vrac. Je prenais des anti-inflammatoires, tous les jours. À la retraite, je ne pouvais plus monter le talus. Cela va beaucoup mieux ».
« Les adhérents, environ 160, sont souvent envoyés par leur médecin », raconte la présidente de Brest Sport Santé, adhérente à l’Ufolep (Union française des œuvres laïques d’éducation physique). « Il s’agit d’un public fragilisé, en cours de soins, en convalescence, au début ou en fin de traitement. Chacun y met l’intensité qu’il veut ou qu’il peut ».
Le Télégramme - David Cormier le 25 juin 2024
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