(Photo Le Télégramme/Julie Magueur)
Alors qu’Octobre Rose a démarré il y a une dizaine de jours, rencontre avec Sophie Obscur, une Brestoise atteinte par un cancer du sein qui a décidé d’aider les autres à travers son association.
« Ce n’est pas moi qui l’ai découvert au final, c’est la personne avec qui j’étais qui m’a dit : « Oh mais tiens, t’as une boule là, sur le côté » », montre la jeune femme avec sa main, près de sa poitrine. Cette boule, elle a d’abord cru que c’était un kyste hormonal, ceux qui « viennent et puis s’en vont ». La Brestoise Sophie Obscur ne s’inquiète pas plus que ça. Quelques semaines plus tard, au cours d’un rendez-vous de routine, sa gynécologue observe la masse et pense elle aussi à un kyste hormonal. Pour s’en assurer, une échographie doit être réalisée. Le 1er février 2019, elle retourne alors chez sa spécialiste pour les résultats. « Elle m’a demandé « T’es pas venue avec quelqu’un ? ». Ça a fait tilt dans ma tête », se remémore la jeune femme qui avait à l’époque 31 ans.
Sa gynécologue lui demande alors de s’asseoir et lui annonce un cancer du sein. « Ouais, j’ai versé ma petite larme car on ne s’y attend pas à cet âge-là… ».
Anéantie ? Non. « Je me suis dit que ça allait être quelque chose à passer dans ma vie, en espérant que tout se passe bien ensuite. Je suis rentrée chez moi et ma mère, qui gardait mon fils, s’est effondrée », raconte celle qui dit avoir eu « de la chance, entre guillemets, car c’était le stade le plus précoce ».
Maman célibataire, elle dit ne s’être jamais sentie seule durant cette épreuve où elle a été soutenue par ses collègues, sa famille et, bien sûr, ses amis. Et elle n’a rien voulu cacher : « Ce sont même les gens qui avaient peur de me poser des questions. Pour l’ablation du sein, certains étaient plus choqués pour moi que moi-même ». Avec son fils de 3 ans, elle joue la transparence, lui raconte sa maladie, avec des mots bien choisis, lui montre aussi : « Je n’avais pas envie qu’il s’imagine des choses ».
Après l’ablation, les traitements ont démarré. Rapidement, la première chimiothérapie arrive. « Ce jour-là, on a fait un apéro avec des copains. On m’a filmé et j’ai rasé mes cheveux. Je savais qu’ils allaient tomber dans tous les cas », appuie-t-elle. Mais la situation se complique : « Quand je me suis retrouvée toute seule, une fois que tout le monde était parti. Je n’arrêtais pas de me regarder. Au final, j’ai posté une photo sur mes réseaux et tout le monde m’a dit que ça m’allait bien », raconte la Brestoise, qui trouve là une dose de réconfort pour alimenter sa nature optimiste.
Le plus dur ? « Ça a été les sourcils et les cils. Il fallait un petit coup de crayon pour arranger », dit-elle, faisant bouger ses sourcils qui ont depuis repoussé. La perruque, elle l’essaye, mais ce n’est pas vraiment concluant : « Clairement, ça ne me ressemblait pas », rigole-t-elle. Elle redevient sérieuse : « Chauve, c’est dur à assumer dans la vie de tous les jours. Les gens te regardent. Ça ne me dérange pas qu’on me regarde, mais il y a le regard comme ça, et puis le regard insistant ».
À la clinique Pasteur, elle préfère rester dans son coin. « J’étais l’une des plus jeunes. Je me souviens notamment d’une dame qui était là, en soins palliatifs. Ça m’a fait tellement mal au cœur d’entendre son parcours… C’est dur à encaisser le malheur des autres ».
Son truc, c’est le sport. Et ça tombe bien, quelques semaines avant d’apprendre sa maladie, elle s’était inscrite à la salle de sport CrossFit Brest.
« J’allais aux traitements, je faisais mon sport et je rentrais à la maison me reposer », raconte Sophie. (Photo Serge Branco)
Un endroit où elle a trouvé « une sacrée famille ». « Tu n’as plus que ça à faire quand tu es malade. J’allais aux traitements, je faisais mon sport et je rentrais à la maison me reposer. Je savais que j’avais fait quelque chose de ma journée », insiste la jeune femme. « J’ai du mal à rester en place, à ne rien faire », sourit-elle. « Bien sûr, il y a des jours où je n’ai pas pu y aller… ». Elle y fait des exercices adaptés, car elle connaît ses limites. « En fait j’ai continué à vivre : par exemple, j’ai couru Octobre rose alors que j’étais malade, j’ai fait plein de choses. J’ai même rencontré mon copain pendant cette période ».
Sophie, lors de ses entraînements à la salle CrossFit Brest. (Branco Serge)
Si ses traitements sont terminés depuis juillet 2020, Sophie Obscur n’a pas tourné la page. Au contraire. Avec son amie Anne-Soizic, qui était sa coach lorsqu’elle a démarré à la salle, elles ont lancé une association dont Sophie a pris la présidence : Brest Sport Santé. L’objectif : proposer des séances de sport adaptées aux pathologies (cancer, sclérose en plaques, etc.). « Le sport a été une aide avant, pendant et après la maladie », explique la trentenaire, qui vient de subir une nouvelle opération et veut à son tour se rendre utile auprès des personnes touchées.
Pour Octobre rose, son association s’est d’ailleurs liée à l’équipe brestoise de hockey sur glace « Les Albatros ». Plusieurs joueurs ont pris la pose pour figurer dans un calendrier solidaire, que les personnes intéressées pourront commander les soirs de match du mois d’octobre. Et Sophie n’a pas eu trop de mal à les convaincre : parmi les hockeyeurs se trouve celui avec qui elle partage désormais sa vie…
Les Albatros ont donné de leur personne pour la conception d’un calendrier solidaire, afin de soutenir la lutte contre le cancer et promouvoir le dépistage. (Photo Brest Sport Santé)
Source : Le Télégramme 11/10/2021 / Julie Magueur https://www.letelegramme.fr/dossiers/elles-font-bouger-brest/touchee-par-le-cancer-du-sein-a-31-ans-cette-brestoise-veut-maintenant-aider-les-autres-10-10-2021-12844003.php
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